Entretien avec Yann Dedet, monteur & écrivain

Date de publication:

13 juillet 2020

Durée:

1h19

Animateurs:

Thibault Elie, Maxime Rodriguez

RÉSUMÉ

Qu’est-ce qu’un « spectateur zéro » ? Peut-être la position singulière d’une personne au rôle essentiel dans la vie d’un film, celui de quelqu’un qui offre son regard après le tournage, coupe, assemble, monte, remonte, bref, transforme la matière pour faire advenir le film. Avec Yann Dedet, continuons notre exploration du métier de monteur, déjà entrevu avec les monteuses Nelly Quettier et Juliette Welfling. 

Yann Dedet se définit avant tout comme un artisan et non un artiste. Il revendique et définit son travail manuel en ces termes : « construction, structure, rythme et préservation du secret ». Un mélange entre « logique et poétique » dans sa pratique, qui n’est pas solitaire. L’aspect humain du montage est également à ses yeux important alors qu’il passe de longs mois dans la salle de montage les réalisateurs ou réalisatrices avec qui il a collaboré.

L’ouvrage qui a guidé cet entretien est lui-même un livre de conversation (auto)biographique : Le spectateur zéro (éditions P.O.L ), co-écrit avec Julien Suaudeau. Yann Dedet s’y livre librement, de ses premières pulsions de création en Super 8 jusqu’à ses dernières collaborations de montage. 50 ans de carrière au poste de monteur et plus de 100 films. Sous forme chronologique, le récit fait la part belle aux réussites et échecs, en questionnant tant la fabrication des films que l’imbrication entre vie personnelle et vie professionnelle.

Yann Dedet voit dans la fonction de monteur la possibilité de « remettre en scène », comme il a eu l’occasion de le faire avec certains des plus grands réalisateurs français : citons François Truffaut, Maurice Pialat ou Philippe Garrel. Chaque relation est unique et débouche sur un travail différent pour le monteur : là où Truffaut privilégiait la fluidité de la narration sur l’ensemble du film, Garrel souhaite préserver toute l’énergie des rushes.

Formé à la pellicule dans un laboratoire, Yann Dedet revendique cet amour de la matière et de cette pratique de montage analogique. Lui-même a eu du mal à s’adapter au numérique dans les années 1995-2000 : des ordinateurs à la place des machines à couper et assembler la pellicule. S’il a mis en pause son activité de monteur pour écrire le livre, Yann Dedet transmet son métier dans les écoles de cinéma et s’apprête à reprendre du service, nous dit-il, auprès notamment de Philippe Garrel…

LES CHAPITRES

00:01:50 — Le monteur, un « artisan à désirs artistiques » entre logique et poétique
00:04:22 — Le spectateur zéro ou la possible pensée de reprendre à zéro le film
00:16:58 — Être stagiaire en laboratoire : la magie de la pellicule
00:29:30 — Premiers pas dans le cinéma : stagiaire puis assistant monteur
00:36:53 —  Avec Truffaut, le monteur peut « remettre en scène »
00:46:49 — Le plan et le cadre, matières communes avec les directeurs photo
00:53:57 — Un goût des films marginaux pour irriguer sa pratique du montage
00:59:47 — Un chemin commun avec Garrel : du classique au moderne ?
01:08:33 — Le regret de la pellicule face au paradigme numérique

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LIENS EXTERNES

Fiche IMDB Page Wikipédia

BIOGRAPHIE

Yann Dedet n’a pas fait d’école de cinéma : il débute sa carrière par un stage dans un laboratoire de post-production au milieu des années 1960. Il s’engage ensuite comme de monteuses en tant que stagiaire, puis assistant — notamment Claudine Bouché et Agnès Guillemot. Intervenant alors sur les films de Truffaut comme assistant, il devient par la suite son monteur avec le film Les Deux Anglaises et le Continent, en 1971. Il le suit ensuite sur Une belle fille comme moi en 72, sur La Nuit Américaine en 73, sur L’Histoire d’Adèle H. en 1975, sur L’Argent de poche en 1976, leur ultime collaboration.

Autre grand cinéaste avec lequel Yann Dedet collabore : Maurice Pialat. Des films emblématiques comme Loulou en 1980, À nos amours en 83, Police en 85, Sous le soleil de Satan en 87 (Palme d’Or au Festival de Cannes) et enfin Van Gogh en 1991. Un troisième réalisateur avec qui Yann Dedet a collaboré : Philippe Garrel. Il a travaillé sur ses films à partir des années 1990 en commençant par J’entends plus la guitare en 91, La Naissance de l’amour en 93, Le Coeur fantôme en 96 puis une décennie plus tard, en 2008, sur le film La Frontière de l’aube, en 2011 Un été brûlant et enfin, en 2013, La Jalousie.

Yann Dedet a travaillé en tant que monteur sur 100 films, majoritairement en fiction mais également quelques documentaires. Parmi ses collaborations, citons Jean-François Stevenin, Yolande Zuberman, Nicole Garcia, Cédric Kahn, Amos Gitaï, Pierre Trividic et Patrice Mario-Bernard, Maïwenn, Sébastien Lifshitz, Carole Champetier ou encore Claire Denis…

Yann Dedet est également écrivain : il a signé Le point de vue du lapin en 2017 (éditions P.O.L) et co-signé Le spectateur zéro en 2020 (éditions P.O.L) avec Julian Suaudau.

NOTRE CONSEIL DE LECTURE

Le livre de conversations « Le spectateur zéro » entre Yann Dedet est Julien Suaudeau est un ouvrage rare : entre l’autobiographie et l’analyse de films, les auteurs nous font traverser la filmographie du monteur de ses premières créations jusqu’à ses dernières collaborations.

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE

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