Date de publication:
6 avril 2020
Durée:
1h15
Animateurs:
Thibault Elie, Maxime Rodriguez
Pour Juliette Welfling le montage ce n’est pas simplement « couper et coller » des plans ensemble. Son rôle est d’aider le réalisateur sur la façon de raconter le mieux possible son histoire… sans toutefois respecter à la lettre le scénario. Une collaboration artistique avant d’être technique : savoir se servir de la machine est pour elle un détail.
En 2018, Juliette Welfling signe le montage des Frères Sisters, superproduction de Jacques Audiard racontant l’histoire de deux frères sous la forme d’un western. Collaboratrice fidèle du réalisateur français depuis son premier long-métrage, elle détaille avec nous son rôle dans le processus de fabrication du film. De la préparation jusqu’à la fin du mixage et de l’étalonnage, la monteuse occupe une place essentielle de la création et son regard doit être aiguisé pour aider à raconter l’histoire.
Si elle a appris le montage avec la pellicule argentique, Juliette Welfling ne regrette pas cette époque. La technique ne l’intéresse pas en elle même : elle constate la complexification du métier de monteuse avec les logiciels numériques et les demandes accrues faites à la monteuse, comme l’intégration des effets spéciaux par des maquettes.
Enfin Juliette Welfling a participé au montage de plusieurs films hollywoodiens réalisés par l’américain Gary Ross. Ocean’s 8, Free State of Jones et Hunger Games, trois superproductions qui l’ont fait se confronter à un système industriel : de nombreux assistants-monteurs, des dizaines d’heures de rushes pour des séquences découpées à l’extrême. Une autre façon de voir le métier de monteuse.
00:02:11 — Être monteuse c’est avant tout conseiller sur la façon de raconter le mieux possible l’histoire
00:04:27 — Les Frères Sisters, récit de la fabrication du film du point de vue de la monteuse
00:16:34 — Un travail collectif avec un assistant-monteur, la scripte, le monteur son et le mixeur son
00:28:09 — Le choix de la musique et les relations avec le compositeur de la bande-originale
00:37:09 — « Devenir monteuse en faisant » : un apprentissage au moment de la transition argentique/pellicule
00:50:16 — La rencontre et la collaboration avec Jacques Audiard : « Dépasser le scénario »
01:00:01 — Le travail à Hollywood avec Gary Ross : l’exemple d’Hunger Games
01:14:18 — Dans le montage tout est possible : « Il faut être libre »
Juliette Welfling a commencé le montage en travaillant comme stagiaire, assistante monteuse et monteuse son sur des courts-métrages, téléfilms et longs-métrages de fiction. Revendiquant d’avoir appris par la pratique, elle a aussi rencontré à ce moment de sa vie Jacques Audiard — monteur lui aussi — qui lui promet qu’elle sera la monteuse de son premier film en tant que réalisateur.
Depuis elle est connue pour cette collaboration fidèle avec Jacques Audiard. Regarde les hommes tomber, en 1993 ; Un héros très discret en 1996 ; Sur mes lèvres en 2001 ; De battre mon cœur s’est arrêté en 2005 ; Un prophète en 2009 ; De rouille et d’os en 2012 ; Dheepan – Palme d’Or à Cannes en 2015 – et enfin Les Frères Sisters l’année dernière, en 2018.
Elle a également travaillé avec d’autres grands réalisateurs de plusieurs nationalités : les français Eric Lartigau, Albert Dupontel et Michel Gondry, ce dernier pour La Sciences des rêves en 2006 ; le chinois Lou Ye pour Love and Bruises en 2011 ; l’iranien Asghar Farhadi pour Le Passé en 2014 ou encore les américains Julian Schnabel pour Le Scaphandre et le Papillon en 2007 et Gary Ross, ce dernier pour Hunger Games en 2012, Free State of Jones en 2016 puis Ocean’s 8 en 2018.
Juliette Welfling a obtenu le César du meilleur montage à 5 reprises – pour 10 nominations – ce qui en fait la personne la plus titrée dans l’histoire de ce prix.
Cliquez sur l’image pour lire l’extrait vidéo.
Extrait analysé dans l’émission. Dans la première séquence du film, les frères Sisters prennent d’assaut une habitation puis une grange.