Cinéphile et cinéaste, Pip Chodorov se définit avant tout comme passeur d’images. Il aime partager les films qu’il aime et qui lui semblent importants dans l’histoire du cinéma. À travers son activité d’éditeur de films expérimentaux pour Re:Voir, il met en avant de grands auteurs du XXème siècle comme des artistes plus contemporains à l’image du cinéaste Jacques Perconte. Pip Chodorov défend la matière des films et leur forme propre, de la pellicule argentique de Maya Deren et les compressions numériques de Perconte.

Pour lui le cinéma expérimental est une troisième voie à la fois en dehors et dans les marges du cinéma industriel et traditionnel. Mais en choisissant des canaux de diffusion alternatifs, il défend des auteurs. Entre diffusion physique, piratage, VOD, SVOD, Mubi YouTube…selon Pip Chodorov il faut repenser comment ce patrimoine peut être transmis.

Un souci de la transmission qu’il a eu en étant également au contact de grands cinéastes, à l’image de Jonas Mekas. En 2010 il en tire un grand documentaire d’entretiens et d’extraits intitulé Free Radicals. Aujourd’hui professeur en Corée du Sud, il partage sa passion et sa connaissance avec des étudiants qui n’avaient pas été confrontés à cinéma auparavant. Pour Pip Chodorov, les cinéastes expérimentaux sont avant tout des poètes.

00:01:08 — Être passeur d’images c’est partager à d’autres les films importants que l’on aime
00:02:59 — Jacques Perconte, un artiste de la vidéo numérique édité dans la collection argentique de Re:Voir
00:07:38 — Le fonctionnement de Re:Voir, société d’édition et de distribution de films expérimentaux
00:22:15 — La diffusion des films expérimentaux aujourd’hui : le rôle du physique, du piratage et de la SVOD
00:33:41 — Un parcours de cinéphile débuté aux Etats-Unis à six ans…
00:47:46 — …et continué à Paris, entre la Sorbonne Nouvelle, UGC et Lightcone
00:59:14 — Le cinéma expérimental est une troisième voie, en dehors et dans les marges ; à la manière de la poésie vis-à-vis du roman
01:00:03 — Être professeur de cinéma en Corée du Sud auprès d’étudiants enthousiastes
01:06:50 — L’Abominable, un laboratoire de cinéma expérimental dans les années 1990
01:15:37 — Quelques conseils se lancer dans les films expérimentaux

Né en 1965, Pip Chodorov a été élevé dans une famille aux confluents de l’audiovisuel et des arts plastiques. Visionnant 2001 : L’Odyssée de l’espace à l’âge de six ans il subit un choc visuel et commence des études cinéma à l’université de New York. Il s’intéresse également à l’intelligence artificielle qui en est alors à ses balbutiements. Pip Chodorov intègre par la suite l’Unviersité Sorbonne Nouvelle – Paris 3 où il effectue notamment des recherches sur le temps au cinéma sous la direction de Christian Metz. Influencé par la sémiologie.

Il intègre alors le service distribution vidéo d’UGC puis de la coopérative Lightcone, qui lui permet de découvrir de nombreuses personnalités du cinéma expérimental à l’image de Jonas Mekas. En 1994 fonde ensuite Re :Voir Vidéo, société d’édition de films en VHS qui se partage entre auteurs historiques et contemporains. Sont ainsi mis à l’honneur Maya Deren, Hans Richet, Patrick Bokanowski, Maurice Lemaître, Stan Brakhage ou encore Jonas Mekas. En 2005 des expositions sur des cinéastes expérimentaux sont organisés à Paris par la Film Gallery, galerie d’expositions fondée par Pip Chodorov.

Participant au programme Court-circuit d’Arte, il réalise lui-même de nombreux courts-métrages expérimentaux notamment au format Super 8, dont l’un des plus connus est Charlemagne 2 : Piltzer. En 2010 il réalise le documentaire Free Radicals, une histoire du cinéma expérimental. Voyageant régulièrement entre la France, les Etats-Unis et la Corée, il est aujourd’hui professeur à l’université Dongguk de Séoul. Il participe également de manière plus ou moins régulières aux collectifs et associations l’Abominable, Light Cone et Collectif Jeune Cinéma.