Date de publication:
24 janvier 2019
Durée:
1h03
Animateurs:
Thibault Elie
Dans ce deuxième grand entretien c’est un autre travail de l’image que nous explorons avec le photographe et journaliste Sébastien Calvet. Entre travail d’information et recherche plastique, sa pratique d’un métier à double casquette l’a conduit à interroger par la photographie la représentation du pouvoir.
Un pouvoir d’abord politique puisqu’il a été l’un des grands photographes du journal Libération jusqu’en 2015. Suivant la vie politique française, il a notamment couvert l’actualité du Parti socialiste. Ses photographies se démarquent par des compositions originales et une recherche d’un point de vue alternatif sur les campagnes électorales et les coulisses du pouvoir. Ainsi nous avons discuté de sa relation avec François Hollande qu’il a suivi durant quinze ans de la conquête à l’exercice du pouvoir.
Étudiant en cinéma avant d’être formé à la photographie à l’ENSP d’Arles, Sébastien Calvet demeure un cinéphile souhaitant amener lui aussi de la narration par son travail photographique. Dans ce rapport étroit entre réel et fiction il n’hésite pas à revendiquer une forme de subjectivité dans la construction du récit journalistique…et face au théâtre de la politique.
Aujourd’hui responsable photographique du site Les Jours.fr[1], il nous explique le projet de ce site indépendant où la photographie est mise au centre de la ligne éditoriale. L’indépendance de ce travail, liée au statut de photographe-pigiste, doit selon lui être garantie pour ne pas entretenir la précarité du métier. Une indépendance également essentielle à ses yeux face à la puissance du contrôle de l’image publique des représentants politiques.
00:02:02 — LesJours.fr, un site de séries journalistiques travaillant avec des photo-reporters indépendants
00:08:34 — Photographier les écrans de télévision face à la perte de sens de son travail sur le terrain
00:11:26 — Faire du journalisme de terrain c’est voir ce qu’il se passe à côté de l’évènement
00:16:15 — Devenir photo-reporter en passant par une école d’art pour nourrir la narration journalistes de références artistiques
00:23:51 — Tirer le réel vers la fiction en utilisant les outils narratifs du cinéma
00:26:20 — La photographie amène une autre voix, subjective au récit journalistique
00:29:18 — Sur le terrain un travail intellectuel et sensoriel où le corps est impliqué pour trouver son point de vue
00:36:09 — Couvrir l’actualité du pouvoir c’est lutter contre le contrôle de l’image par le théâtre de la politique
00:44:59 — En travaillant sous commande on garde son point de vue et on booste sa créativité
00:48:58 —Photographier François Hollande de 2000 à 2015, un privilège pour voir l’évolution du personnage politique…
00:55:32 — La précarité du photojournaliste doit être compensée par un contrat moral avec les titres de presse
01:01:40 — Conclusion : Pour être disponible aux images que l’on fait il faut être dans une construction de reportage
Après des études à l’Université Paul Valéry de Montpellier en cinéma, Sébastien Calvet intègre l’École Nationale Supérieure de Photographie d’Arles (ENSP) dont il sort diplômé en 1998. Intégrant l’équipe de journalistes associés au journal Libération grâce ses professeurs, il commence à couvrir en tant que photo-re reporter la vie politique française.
En 2006 son travail a été sélectionné par le photographe Raymond Depardon et exposé aux Rencontres photographiques d’Arles. Cette série de photo, L’Agenda, était consacrée aux hommes politiques de la région PACA. En 2012 Sébastien Calvet est de nouveau sélectionné à Arles pour présenter son travail réalisé lors de la campagne présidentielle de 2012 pour le journal Libération.
Aux confluents du texte et de l’image il participe à deux livres numériques. L’un, Retour à Béziers, réalisé avec Didier Daeninckx, reçoit le Prix du livre numérique de l’année en 2014. L’autre, Élysée en scènes, est consacré aux images du pouvoir sous François Hollande (cf. notre Conseil de lecture).
En 2015 il cesse sa collaboration avec le journal Libération et fonde avec d’anciens journalistes du quotidien le site d’information Les Jours.fr[1]. Aujourd’hui il supervise aujourd’hui les photographies de ce journal, enseigne la photographie et poursuit par ailleurs son travail sur le terrain.
Élysée en scènes, un livre électronique sur lequel Sébastien Calvet a travaillé. Ses photographies prises lors de l’exercice du pouvoir par François Hollande entre 2012 et 2015 sont accompagnées de commentaires qui racontent le contexte et les à côtés de la prise de vue. Des extraits d’un documentaire tourné au même moment ainsi que des textes d’un historien des médias complètent ce livre ludique qui nous aide à mieux analyser les images de l’actualité politique.
Un grand nombre de photographies de Sébastien Calvet sont disponibles sur son site sebastiencalvet.com[2]. Plusieurs rubriques sont mises en lignes photographies de la vie politique[3], commandes pour de grandes entreprises [4], travail plastique autour des écrans de télévision [5] ou encore des portaits de personnalités [6]. Des archives sont aussi disponibles le site Divergence Images[7].
Son blog Développements[8] propose cinq ans d’archives de textes racontant les photographies qu’il a prises pour le journal Libération.
Cliquez sur les images pour regarder les films.
Lors des Rencontres photographiques d’Arles en 2012, les photographies de Sébastien Calvet pour la campagne présidentielle de 2012 ont été réunies dans une création visuelle et sonore qui retrace la trajectoire de François Hollande.
Au cœur de la foule qui a défilé le 11 janvier 2015 après les attentats qui ont visés l’équipe de Charlie Hebdo et la prise d’otage de l’Hypercasher de la porte de Vincennes