Date de publication:
22 mars 2022
Durée:
1h17
Animateurs:
Thibault Elie, Daria Obukhova
Le 6 septembre 1905 était rapporté dans le quotidien Gil Blas : « Un horrible forfait vient d’être perpétré à Raulhac, dans la soirée de vendredi dernier. Un nommé Jean Bladier, âgé de dix-sept ans, ayant rencontré le jeune Jean Raulhac, âgé de treize ans, qui allait chercher de l’herbe dans le bois de Biron, le suivit, et se précipitant tout à coup sur lui, lui trancha la gorge d’un coup de couteau. Détail horrible : la tête de la malheureuse victime a été trouvée à deux mètres du cadavre. L’assassin, un élève du petit séminaire de Saint-Flour. Interrogé sur les mobiles de son crime, il a répondu, avec le plus grand cynisme, que son crime n’avait d’autre mobile que le plaisir qu’il pensait éprouver à voir couler le sang. Bladier ne manifeste aucun repentir de l’acte odieux qu’il a commis. L’assassin a été conduit dimanche à la prison d’Aurillac. »
Cette histoire qui a horrifié la presse du siècle dernier, Vincent Le Port en a fait un film de fiction. Jeune réalisateur passé par la Fémis, il signe avec ce premier long-métrage la troublante autopsie de ce qui a conduit Bladier à tuer. Quelque part entre le film d’époque naturaliste et le serial killer movie, Vincent Le Port raconte l’histoire-vraie de Jean-Marie Bladier — renommé Bruno Reidal par les experts médicaux — un jeune homme de 17 ans qui a étranglé et décapité un jeune garçon de son village dans le Cantal. Un personnage complexe de « séminariste assassin », qui a écrit son autobiographie en prison ; une archive historique et un texte monstrueux sur lequel le cinéaste s’est appuyé pour écrire, tourner et monter ce film.
Bruno Reidal a été montré à la Semaine de la critique de Cannes et au Festival Premiers Plans d’Angers. Le film sort en salles le mercredi 23 mars.
00:00:00— Introduction
00:02:49 — Être cinéaste
00:08:48 — Du vrai tueur au personnage de Bruno Reidal
00:22:26 — Un texte unique dans la littérature française
00:33:35 — Adaptation, scénarisation et reconstitution
00:43:23 — L’incarnation de Dimitri Doré par la voix
00:54:22 — De la cohérence esthétique du film d’époque
01:04:36 — Musique et montage : donner le ton du film
Né à Rennes en 1986, Vincent est diplômé de La Fémis en réalisation. Il a cofondé la société de production Stank avec laquelle il développe ses projets dont Le Gouffre (Prix Jean Vigo du court métrage 2016). Bruno Reidal, pour lequel il a été Lauréat de la Fondation GAN pour le Cinéma, est son premier long métrage.
Dans un ouvrage consacré à l’affaire Bladier et sorti en 2020, intitulé Un séminariste assassin, l’historien Philippe Artières étudie avec ses outils ce fait divers. Extraits du manuscrit original, analyses socio-historiques et mises en contexte ponctuent cet ouvrage qui éclaire la singularité de Jean-Marie Bladier / Bruno Reidal.