Date de publication:
16 février 2022
Durée:
1h32
Animateurs:
Thibault Elie, Maxime Rodriguez
La Terre est loin, l’humanité n’est plus sur la planète bleue d’où nous enregistrons cette émission. « After Blue », c’est le nom du nouvel astre sur lequel survivent quelques êtres perdus. Vision clairvoyante d’un oracle fou ? Présage alarmant d’un avenir déjà fichu pour nous autres ? Le sous-titre du film, « Paradis Sale » , nous ramène à des récits ancestraux, à la bible, aux mythes voire aux contes ; mais ici, nous sommes après l’Apocalypse ; là où le « nouveau monde » n’est plus peuplé que de femmes avec des poils sur des épaules et sur le cou. Paradis sale et enfer toxique, aujourd’hui, nous plongeons dans la dernière création de la cosmogonie de Bertrand Mandico.
Cinéaste français à l’univers singulier, Bertrand Mandico a commencé par l’animation et son oeuvre s’est prolongée avec moults courts-métrages et désormais deux long-métrages, après le succès des Garçons Sauvages. Mais Bertrand Mandico estime qeu son travail créatif est plus large que le medium cinématographique : écriture de textes et intervention à partir d’images sur d’autres supports : assemblages et collages divers, photographies, dessins — comme la couverture des 70 ans des Cahiers du cinéma, dont Les Garçons sauvages était le film préféré en 2018.
After Blue (Paradis Sale) est lui aussi un film à la croisée des genres : un western de science-fiction sur une nouvelle planète refuge de l’humanité, un terre lointaine et sauvage, dans un futur alternatif où les hommes ont disparu et où seules les femmes — avec des cheveux sur les épaules et dans le cou — perdurent en petite communauté. Quand Roxy, l’héroïne de votre film, jouée par Paula Luna, décide de délivrer une tueuse, Kate Bush, elle se fait bannir de son village et doit partir avec sa mère Zora, jouée par Elina Lowensöhn, pour la retrouver.
Bertrand Mandico nous ouvre les portes de son laboratoire cinématographique. Envisageant les moindres aspects de son film sous toutes les coutures, le cinéaste s’implique dans son ouvrage comme un artisan, de l’écriture du scénario jusqu’aux dernières retouches de couleur en passant par le cadre, la composition de la bande sonore et bien sûr le montage. Bertrand Mandico en revendiquant le cinéma comme art subversif, un art à part entière à la dimension hypnotique voire comme un psychotrope, se tourne vers le spectateur et assume : « Un film est comme une rose, il doit sentir bon mais aussi avoir des épines ».
00:00:00— Introduction
00:02:24 — Être paon-cinéaste : en mettre plein la vue et les oreilles
00:12:03 — « After Blue (Paradis Sale) » : cocktail de genres
00:21:57 — Le travail d’écriture / le personnage d’Elina Löwensohn
00:31:18 — À l’image, faire croire à un autre monde par les couleurs
00:42:02 — Décoration, lumière et cadre : transfigurer le plateau
00:47:06 — La pellicule comme rite d’alchimiste
00:59:46 — Envisager les films comme des psychotropes
01:04:10 — Un film fait pour le grand écran et la grande écoute
01:16:45 — Le travail du son par strates : économie restreinte et équilibre
01:23:30 — Musique et étalonnage : témoigner d’un état intérieur
Bertrand Mandico intègre le CFT Gobelins à Paris où il obtient son diplôme de « cinéma d’animation » en 1993. Il ne réalise, néanmoins, qu’un seul court métrage d’animation : Le Cavalier Bleu, mettant en scène un rite païen dans un assemblage surréel. Il prolonge ses expériences visuelles dans des miniatures pour Arte. Créant des univers crépusculaires, il travaille sur la matière cinématographique et narrative en revisitant les genres.
Il écrit et réalise de nombreux courts et moyens métrages sélectionnés dans grand nombre de festivals. Dont Boro in the box, moyen métrage qui fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes. Inspiré librement de la vie de Walerian Borowczyk faisant écho à une rétrospective qu’il a pilotée à Varsovie. Les recherches de Bertrand Mandico sont polymorphes (textes, photos, dessins, assemblages) certains de ses films tels que Living Still Life sont exposés dans des centres d’art.
Bertrand Mandico travaille également sur un projet de 21 films en 21 ans avec Elina Löwensohn, réflexion sur les états corporels de l’actrice et fiction. Son premier long-métrage, Les Garçons sauvages, sort en 2017.
Musique composée par Bertrand Mandico et Pierre Desprat.