Date de publication:
30 septembre 2019
Durée:
1h02
Animateurs:
Thibault Elie, Maël Vial
Portrait croisé de Manon Ott et de Grégory Cohen, deux chercheurs en sciences sociales qui pratiquent ensemble depuis une dizaine d’années la réalisation de films documentaires. « Chercheurs-cinéastes », ils défendent tous les deux un dialogue possible entre une forme écrite et une forme cinématographique de la recherche. Des films de recherche mais aussi et de cinéma, destinés à trouver un public en salles.
De Cendres et de Braises est le titre à la fois du film et du livre (voir encadré plus bas) que Manon Ott a réalisé dans le cadre de sa thèse intitulée « Filmer / Chercher ». Sorti le 25 septembre 2019 au cinéma, sa réalisatrice décrit son film comme un « portrait sensible et politique » des cités des Mureaux, banlieue populaire située en bord de Seine dans les Yvelines. Manon Ott y donne la parole à plusieurs générations d’habitants de cette ville, entre histoire ouvrière, d’immigration et de combats sociaux. Construit par fragments autour de ces personnages, De Cendres et de Braises donne à voir des « moments proprement cinématographiques » avec les protagonistes.
En immersion plusieurs années aux Mureaux, Manon Ott et Grégory Cohen ont souhaité travailler ce temps long pour créer et nourrir des liens, s’investir dans la vie locale et rencontrer des personnes aux parcours de vie différents. Leur but a été de co-construire entre filmeurs et filmés, dans un échange permanent, « chacun faisant un pas vers l’autre et se transformant avec la rencontre ». Un film où la réalisatrice s’efface…sans renier des choix formels forts, à l’image d’un noir et blanc travaillé poussant vers un autre imaginaire des banlieues populaires.
Le dernier film de Grégory Cohen, La Cour des Murmures (sorti en 2017), propose lui d’explorer la frontière entre documentaire et fiction autour du double thème de l’amour et de la jeunesse dans la cité. Une autre approche basée sur l’improvisation et la discussion du scénario avec les acteurs et actrices…et des questions des jeunes qui se retournent vers les réalisateurs.
Pour Manon Ott et Grégory Cohen, leurs films comme leurs écrits permettent d’ouvrir un espace de réflexion et de faire vivre les questions sociales et politiques qui leur sont chères. Pour construire une pensée alternative de ce territoire fondu sur l’histoire collective, inter-générationnelle, De Cendres et de Braises déplace le regard. Par leur dialogue entre recherche et cinéma, entre sociologie et art, entre immersion et création, Manon Ott et Grégory Cohen construisent ensemble une expérience cinématographique partagée entre eux, ceux qu’ils filment et les spectateurs.
00:02:26 — Chercheurs-cinéastes, un dialogue possible entre film et écrit ?
00:05:00 — De Cendres et de Braises, fruit d’un travail sur le temps long aux Mureaux
00:12:20 — Créer un récit commun par fragments à partir de personnalités diverses
00:16:43 — Faire passer la caméra du côté des gens à partir de leurs témoignages
00:26:17 — La Cour des Murmures, film-expérience entre documentaire et fiction
00:32:11 — Deux films, deux dispositifs de tournage : immersion et expérimentation
00:37:23 — Un cinéma politique, engagé et/ou militant ?
00:44:35 — Le choix esthétique du noir et blanc pour inciter à regarder différemment
00:50:55 — Une autre façon de faire de la recherche, tout en gardant sa réflexivité
00:56:34 — Les projections-débats, espaces de circulation de la parole au-delà du film
Aujourd’hui enseignants-chercheurs au laboratoire de sociologie de l’Université d’Evry, Manon Ott et Grégory Cohen ont commencé ensemble leur pratique de cinéastes dans les années 2000. Ils ont tous les deux suivi une double formation en sciences sociales et réalisation de films, notamment avec le Master Image et Société de l’Université d’Evry. Leurs travaux s’intéressent aux territoires en marge, aux luttes sociales ou environnementales et cherchent à faire advenir une parole des dominés dans l’espace public.
En 2008 ils réalisent ensemble le court-métrage Yu, projeté au festival de documentaire Cinéma du Réel. La même année ils publient Birmanie, rêves sous surveillance, livre de photographies et de récits de vie sur un pays où ils ont enquêté. À l’étranger ils réalisent en 2012 le moyen-métrage Narmada sur le fleuve du même nom en Inde. Un film en pellicule argentique Super 8 sélectionné aux Etats Généraux du Film Documentaire de Lussas.
À partir de 2011 Manon Ott & Grégory Cohen travaillent aux Mureaux, banlieue populaire en bord de Seine dans les Yvelines. Doctorants menant des recherches en vue d’une thèse sur des sujets différents, ils collaborent aux films de l’un et de l’autre. D’abord La Cour des Murmures, un film entre fiction et documentaire achevé en 2017 et accompagné d’une thèse soutenue en 2019 : « Les jeunes et l’amour dans un quartier populaire, La fiction comme mode d’exploration du réel ».
Aux Mureaux, Manon Ott travaille sur l’histoire des habitants. Sa thèse, intitulée « Filmer / Chercher », également soutenue en 2019, retrace notamment l’expérience du film De Cendres et de Braises. Sorti le 25 septembre 2019, ce documentaire est accompagné d’un livre documentant la création du film ainsi que l’histoire des banlieues populaires (éditions Anamosa, 376 pages, 25€).
Une compilation d’articles faisant état des réflexions à propos des liens entre sociologie et cinéma. Entretiens (notamment avec Edgar Morin), analyses de documentaires ou comptes-rendus de travaux en sociologie filmique structurent cet ouvrage. Un des textes émane du Collectif Image et Société fondé par Joyce Sebag, sociologue ayant dirigé les deux thèses de Manon Ott et Grégory Cohen.
Cliquez sur les images pour lire les bandes-annonces.
« Portrait poétique et politique d’une banlieue ouvrière en mutation, De Cendres et de Braises nous invite à écouter les paroles des habitants des cités des Mureaux, près de l’usine Renault-Flins. Qu’elles soient douces, révoltées ou chantées, au pied des tours de la cité, à l’entrée de l’usine ou à côté d’un feu, celles-ci nous font traverser la nuit jusqu’à ce qu’un nouveau jour se lève sur d’autres lendemains possibles. »
Le livre de Manon Ott (éditions Anamosa, 376 pages, 25€) peut être lu par l’une ou l’autre des deux faces. D’un côté : « L’expérience d’un film » retrace la fabrication entre recherche et cinéma, les rencontres avec les personnages ainsi qu’une réflexion critique et théorique sur cette immersion aux Mureaux. Des photogrammes issus du documentaire ponctuent les chapitres et nous (re)plongent dans l’univers visuel du film et de ses personnages. De l’autre côté : « Voix et histoires d’une banlieue populaire » est la partie historique de l’ouvrage, mettant en contexte les quartiers, leurs militants, la rénovation urbaine ou encore la désindustrialisation. Richement illustrée, notamment par des photographies de Manon Ott, cette « face » du livre lie petites et grandes histoires autour d’un récit commun et politique.
30 septembre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice et Antoine De Baeque (historien et critique de cinéma), 20 h 15 (« Filmer l’Histoire, filmer les ‘petites’ histoires des gens »), avec la Librairie du cinéma du Panthéon.
1er octobre : Grenoble (38), Cinéma Le Club, 20 h, avec la librairie Les modernes.
2 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice et Eliane De Latour (anthropologue et cinéaste), 20 h « Un cinéma entre art et recherche ».
3 octobre : Scène Nationale L’Estive, Foix, 19 h.
6 octobre : Cinéma Escurial (Paris 13ème), Paris. 11h.
7 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice et Stéphane Breton (ethnologue et cinéaste), 20 h (« Un dialogue entre sciences sociales et cinéma »).
8 octobre : Saint Denis (93), Cinéma L’Ecran, 20 h.
10 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice et Jacques Rancière (sous réserve).
11 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice et Marie Helène Bacqué (sociologue, urbaniste).
13 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), Rencontre avec la réalisatrice, Mohamed Hocine (protagoniste du film) et Farid Taalba (écrivain, militant, travailleur social) – tous deux d’anciens membres du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), 20 h. (« Mouvements et résistances des quartiers populaires »)
15 octobre : St Ouen Aumône (95), Cinéma Utopia, 20 h 30
17 octobre : Pantin (93), Ciné 104.
18 octobre : Montreuil (93), Le Méliès, en présence de l’équipe du film, 20h30.
20 octobre : Espace St Michel (Paris 5ème), en présence de Licra et de la productrice Céline Loiseau.
21 octobre : Ivry (94), Cinéma Le Luxy, 20h30, avec la librairie Envie de lire.
27 octobre : Pau, Le Méliès.
28 octobre : Toulouse, Le Cosmographe.
29 octobre : Bordeaux, Utopia.
« Un film-expérience, entre fiction et documentaire, qui propose à six jeunes d’une cité de la banlieue parisienne de jouer leur vie à partir d’une esquisse de scénario autour des jeunes et de l’amour dans la cité. De rebondissement en rebondissement, un film qui s’interroge aussi sur la rencontre entre les mondes : comment inventer un jeu ensemble ? »
« Tourné avec des pellicules super 8, le film se présente comme un voyage, une rêverie le long du fleuve Narmada en Inde, entre les mythes du progrès et les mythes du fleuve. Les barrages seront les temples de l’Inde moderne proclamait Nehru à l’indépendance du pays. Bientôt, l’un des plus importants complexes de barrages conçus à ce jour sera achevé sur la Narmada. Une lutte sociale s’organise. Nous voyageons sur le fleuve jusqu’à l’océan, à la rencontre des habitants, des croyances et des imaginaires qui cohabitent et s’opposent dans cette vallée en pleine transformation. »
« Yu, une jeune fille d’origine birmane, a fui son pays en espérant se construire une vie meilleure à l’étranger. Dans une lettre, elle annonce à ses parents qu’elle compte demander l’asile en France. Attentes, incertitudes et rêves se mêlent alors entre hier et « bientôt »… »