Date de publication:
19 janvier 2022
Durée:
1h22
Animateur:
Thibault Elie
Nous avions déjà abordé la forme du film animalier à travers La Panthère des neiges avec Marie Amiguet, la co-réalisatrice de ce documentaire qui mettait en scène les images du photographe Vincent Munier avec les mots aiguisés de Sylvain Tesson. Nous prolongeons ce geste de découverte avec un autre félin, prédateur lui aussi menacé, le lynx, et l’un de ses plus fins observateurs. Laurent Geslin a réalisé le film éponyme, Lynx, en salles le 19 janvier — après un parcours en festival, notamment en ouverture du festival de Locarno l’été dernier.
Il s’agit du premier long-métrage de Laurent Geslin puisque ce dernier a essentiellement travaillé comme photographe animalier depuis ses débuts. À l’affût ou en pilotant un drone, le cinéaste a suivi une famille de l’espèce du Lynx boréal dans les forêts du Jura. Un travail au long cours sur une dizaine d’années et un ancrage local — il habite à côté de la forêt des lynx qu’il observe — font de son film un objet unique. Tournant seul les images, il a construit un dispositif de tournage léger et mobile, se fondant dans le paysage qu’il scrute à la recherche du « plus beau félin du monde ».
Son film est une véritable quête, voire une enquête animalière sur cet animal mais pas que, puisqu’il tous les habitants de la forêt jurassienne, du chamois au faucon pèlerin en passant par les lapins et les renards. Grand connaisseur du monde vivant et sauvage, en milieu urbain comme rural, son expertise comme votre engagement sont reconnus jusqu’aux Nations Unies où ont été exposées ses photos.
Refusant le terme de « documentaire », Laurent Geslin a fait le pari de la scénarisation ou plutôt de la narrativisation de son film. Un fil rouge tissé lors du montage effectué avec Laurence Buchmann, également « co-scénariste » de ce long-métrage engagé. Prenant le parti du monde sauvage et cette espèce qui aurait pu disparaître, le réalisateur révèle un univers « que les humains ont oublié d’observer depuis des décennies ».
Utilisant la panoplie des nouveaux outils de la vidéo numérique (boîtiers photo, drone, pièges-caméra…) et n’oubliant pas le travail du son, Laurent Geslin propose de décentrer notre regard et de célébrer la beauté du vivant en action.
00:00:00— Introduction
00:03:03 — Passionné et observateur du monde animal depuis son enfance
00:08:46 — De l’observation à la création visuelle et à l’engagement
00:15:02 — Le lynx, plus beau félin du monde et graal de tout naturaliste
00:26:34 — Dépasser le documentaire par la narration et la dramaturgie du réel
00:36:28 — L’affût, un dispositif de filmage pour se soustraire au monde
00:43:17 — Être opérateur de son propre film & le travail avec un audionaturaliste
00:52:36 — Du piège vidéo au drone : les nouvelles techniques de prise de vue
01:06:12 — Penser le montage du film à deux…et continuer à filmer pendant ce temps
Photographe animalier, Laurent Geslin s’est d’abord intéressé à la faune urbaine dans les capitales européennes, comme les renards à Londres, avant de se prendre de passion pour le plus grand félin d’Europe, le lynx boréal. Il a publié trois ouvrages consacré à cet animal, dont LYNX, Regards croisés (Slatkine, 2014) et The LYNX and US (The Big Pictur, 2018). Son travail a été récompensé par différents prix dans les concours internationaux BBC Véolia, Wildlife photographer of the Year festival de Namur Melvita, Nature Image Awards. Il est aussi membre du Wild Wonders of Europe, qui regroupe 50 photographes de nature d’Europe. En parallèle de son premier long-métrage, Lynx, Laurent Geslin a réalisé un documentaire de 52 mn sur la fragilité de la présence du lynx dans nos forêts.
Édition format « beau-livre », 128 pages, Salamandre
Reprenant la trame du film et documentant son tournage à travers de courts textes, ce livre de photographies offre un complément passionnant au long-métrage afin de mieux comprendre sa fabrication et le travail patient au long cours qu’a dû réaliser Laurent Geslin pour pister et filmer le lynx boréal.