Défenseur d’un « cinéma de la sensation », Emmanuel Gras filme depuis vingt ans de nombreux documentaires, en France comme à l’étranger, alternant entre les postes de chef opérateur et de réalisateur. Dernier projet en date, un film dont il a commencé le tournage fin 2018 autour du mouvement des Gilets jaunes. Nouvelle étape de sa filmographie, ce film moins formaliste souhaite souligner l’aspect populaire du mouvement qui a été selon lui sous-estimé par la gauche. Allant à la rencontre des gens avec sa caméra, décentrant le regard vers la province, il souhaite avant tout s’extraire du flux permanent d’images par le temps long et le montage.

Formé à l’ENS Louis-Lumière, Emmanuel Gras y a appris la technique de réalisation des films qui lui a permis d’être engagé comme opérateur sur des documentaires à l’étranger. Collaborant avec les réalisateurs belges Jeroen Van Der Stock et Bran Van Paesschen, il capte en lumière naturelle et en cinéma direct des sujets aussi différents que la construction de route en République Démocratique du Congo ou la relation économique sino-africaine des deux points de vue.

Il se tourne par la suite vers la réalisation avec succès, réalisant tour à tour plusieurs longs-métrages documentaires : Bovines en 2012 sur la « vraie vie des vaches », 300 Hommes en 2015 sur un centre d’hébergement pour sans-abris à Marseille puis en 2017 Makala, sur un vendeur de charbon en RDC, récompensé du Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes.

Emmanuel Gras propose au travers de ses films de nouveaux codes d’écriture du cinéma documentaire, mettant à l’œuvre sa maîtrise de chef opérateur ainsi que l’apport des nouvelles technologies. Défendant le cinéma indépendant, les films auxquels il participe incarnent la complexité de la mondialisation et ses conséquences sociales.

00:00:59 — Le cinéma de la sensation est basé sur des émotions sensitives venues du corps et partagées avec son sujet
00:03:09 — Filmer le mouvement des Gilets jaunes comme un mouvement populaire incompris par la gauche
0007:55 — Travailler son regard documentaire en allant à la rencontre des gens avec sa caméra
00:14:39 — S’extraire du flux permanent d’images des Gilets jaunes par le temps long et le montage
00:18:23 — L’école de cinéma pour apprendre les paramètres techniques de création d’un film
00:26:47 — Premiers pas à l’étranger en tant que chef op au service de réalisateurs de documentaires
00:41:33 — Grâce au documentaire on peut observer la complexité des situations de pays que l’on ne connaît pas
00:49:21 — Comment les nouvelles technologies permettent d’expérimenter de nouvelles formes
00:54:01 — Cannes, un festival qui permet quand même de voir et de promouvoir des films indépendants alternatifs
00:56:14 — La diffusion des films aujourd’hui : entre la défense du cinéma art & essai et les plateformes de streaming

Né en 1976, Emmanuel Gras suit des études d’histoire à l’université avant d’obtenir une licence de cinéma à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Il entre par la suite à l’ENS Louis-Lumière dont il sort diplômé en 2000 de la section cinéma. Après des courts-métrages, il participe en tant qu’opérateur aux films World of Blue, Land of O. en 2005 puis Pale peko bantu mambo ayikosake et Wild Beast en 2008.

Son premier long-métrage en tant que réalisateur, Bovines, est programmé dans la sélection ACID en 2011 avant de sortir en salles la même année. Son deuxième long-métrage, 300 hommes, co-réalisé avec Alline Dalbis, est diffusé au festival du Cinéma du réel et sort en 2014. Son troisième long-métrage, Makala, est récompensé du Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannee en 2017 ; Il continue en parallèle sa carrière d’opérateur avec Empire of Dust en 2011, Silent Visitors en 2012 ou encore Alive in France et I’m New Here en 2017.

Coprésident de l’ACID en 2014 et 2015, il défend le cinéma d’auteur dans sa diffusion en salles. En 2018 il débute le tournage d’un documentaire sur le mouvement des Gilets Jaunes.