Portrait croisé à travers l’univers d’un duo de réalisateurs, deux frères jumeaux, artisans de l’animation et rois d’un royaume enchanteur : Les Frères Quay. Une fois n’est pas coutume, un entretien dans leur langue natale : l’anglais.

Maîtres de l’animation en stop-motion de marionnettes depuis les années 1970, les Frères Quay se définissent comme des artisans et de modestes conteurs. Travaillant sans relâche dans leur studio de cinéma à Londres — un laboratoire expérimental selon eux — ils ont réalisé une trentaine de courts-métrages d’animation et deux long-métrages avec des acteurs de chair humaine. 

Férus de littérature marginale et avant-gardiste, de musique industrielle et de cinémas européens des années 50 et 60, les Frères Quay revendiquent leur univers étrange, testant les propriétés magiques du cinéma et tentant de faire émerger dans les interstices du mouvement de leurs marionnettes des sensations uniques pour les spectateurs.

Défenseurs du cinéma argentique, ils ont appris avec de petits moyens à manipuler des caméras Super8 puis 16mm dans leur studio-laboratoire. Décorateurs, directeurs de la photographie, costumiers et monteurs de leurs courts-métrages, les Quay ont expérimenté avec les mouvements de caméra et les possibilités de la matière cinématographique en stop-motion.

À l’occasion de la ressortie en salles de leur premier long-métrage, Institute Benjamenta, les deux réalisateurs racontent cette expérience collective et la transformation de leur processus de création avec des acteurs et des collaborateurs pour développer leur univers à plus grande échelle. Un cinéma expérimental, résolument artisanal, ayant créé un modèle économique original afin de défendre sa cohérence depuis leurs débuts.

00:02:27 — Un duo de cinéastes travaillant dans un studio artisanal, laboratoire d’expérimentations
00:07:52 — Institute Benjamenta, premier long-métrage et conte de fée avec des acteurs réels
00:11:52 — La musique comme condition première du processus de création
00:15:56 — La caméra comme marionnette à manipuler et le travail collectif du long-métrage
00:25:39 — Un parcours de cinéphiles dans les années 50 puis d’écoles d’art entre Philadelphie et Londres
00:44:26 — Les commandes de publicités, travail créatif sous contrainte
00:50:55 — Les collaborations avec des musiciens sur des clips
00:59:21 — Continuer à créer en réinvestissant la pellicule

Connus comme Les Frères Quay (The Quay Brothers en anglais), Stephen et Timothy Quay sont nés à Philadelphie aux Etats-Unis où ils ont grandi. Ils ont été au Philadelphia College of Arts avant d’émigrer à Londres au Royaume-Uni poursuivre leurs études au Royal College of Arts. Depuis ils travaillent dans un studio de tournage, véritable laboratoire d’expérimentations, où ils ont tourné la majorité de leurs films.

Leur travail avec un style d’animation en stop-motion est ce qui les a rendus célèbres en tant que cinéastes. Clips musicaux pour Sparklehorse, Peter Gabriel ou Pere Ubu ; publicités pour Coca-Cola, Badoit, Fox Sports ou MTV et des dizaines de courts métrages des noms Street of Crocodiles, In Absentia, The Sandman, The Cabinet of Jan Svankmajer ou plus récemment, en 2019, The Doll’s Breath. Un style bien à eux : noir et blanc, marionnettes et mouvements de caméra virtuoses.

Leur premier long métrage avec de vrais acteurs, Institute Benjamenta, réalisé en 1995, est sorti en France le 4 décembre 2019. L’histoire d’une école où l’on apprend à servir un maître d’après un roman de Robert Walser. Dix ans plus tard, en 2005, ils réalisent le dernier long-métrage en date, L’Accordeur de tremblements de terre (The Piano Tuner of Earthquakes), cette fois sur un meurtre dans un opéra du XIXe siècle..

Les réalisations des Frères Quay ne se limitent pas au cinéma puisqu’ils ont travaillé avec des musiciens pour des clips vidéos ainsi qu’avec des marques pour des publicités où ils ont mis à profit leurs talents d’animateurs. Ils ont également travaillé avec des théâtres et des productions d’opéra, en concevant des décors à grande échelle..

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