Entretien avec Renato Berta, cinematografo

Date de publication:

21 octobre 2020

Durée:

1h23

Animateurs:

Thibault Elie, Maxime Rodriguez

RÉSUMÉ

Nous continuons notre exploration d’un métier de l’ombre — celui qu’on appelle le directeur de la photographie — avec l’un de ses plus remarquables connaisseurs : Renato Berta. Une extraordinaire carrière commencée à l’âge de 23 ans en 1969 avec Vive la mort de Francis Reusser et Charles mort ou vif d’Alain Tanner — accompagnant la nouvelle vague suisse, pays où il est né, même s’il s’est formé en Italie et a continué sa carrière en France.

Pour Renato Berta, le métier de « chef op’ » est difficile à définir puisque son rôle change à chaque film, en fonction du réalisateur, du budget, de son degré d’implication et bien entendu de la forme que va prendre le film. Pourtant, c’est pour lui la collaboration qui est bien au cœur de son travail : sur un plateau avec le metteur en scène, les comédiens, les responsables des décors, du son ou des costumes ; et bien sûr l’équipe image dont il a la responsabilité. « Tout ce que vous voyez à l’écran passe par moi » résume-t-il.

Ayant signé l’image de plus d’une centaine de long-métrages de fiction, Renato Berta a récemment collaboré avec Philippe Garrel sur les films À l’ombre des femmes, L’amant d’un jour et Le sel des larmes. Tous les deux issus de la même génération, ils ont le goût commun de la pellicule 35mm qui reste le support de l’image noir et blanc qui caractérise ces trois films. L’expérience de Renato Berta lui a permis de maîtriser la pellicule Kodak Double X et de réussir le tournage des plans en une seule prise sur Le sel des larmes. Un défi technique et artistique qui n’implique pas que lui et son équipe image, mais également les comédiens, avec qui il apprécie de discuter de lumière et de cadre sur le plateau.

Formé au Centro sperimentale di cinematografia de Rome dans les années 1960, Renato Berta y a avant tout découvert « l’histoire du cinéma » c’est-à-dire des grands films qui ont forgé sa cinéphilie à une époque où le film était un événement éphémère et rare. Le directeur de la photographie regrette que soixante-ans plus tard — avec un accès au cinéma qui s’est démocratisé — les jeunes ne connaissent plus les cinéastes qu’il apprécie tant : Bergman, Stiller, Murnau, Lang, Oliveira, Godard, Lubitsch… Lui préfère revoir ces films — si possible à la Cinémathèque — plutôt que d’aller voir les dernières créations de ses contemporains.

L’œil affuté par la connaissance de milliers de films et l’expérience de dizaines d’années sur les plateaux à travailler le cadre et la lumière, Renato Berta revendique que chaque film soit un « prototype » à travers lequel il continue à apprendre, se perfectionner et trouver l’image juste pour le film. Il regrette que beaucoup d’opérateurs fassent toujours le même type d’image et n’expérimentent pas plus pour trouver la cohérence propre de chaque projet — la question essentielle qu’il faut à son avis se poser.

LES CHAPITRES

00:02:12 — Directeur de la photographie, un métier de collaboration au service de l’image
00:08:28 — La rencontre avec Philippe Garrel de L’ombre des femmes au Sel des larmes
00:15:26 — La préparation d’un film ou la mise en place d’une philosophie
00:22:57 — Le travail avec un cadreur : concentration maximale
00:25:25 —  Le choix fort de la pellicule 35mm plutôt que le numérique
00:35:55 — Questions de lumière : cellule, contraste et sources
00:50:07 — L’étalonnage d’un 35mm scanné : jusqu’où intervenir ?
00:56:51 — Une formation en Italie dans les années 1960
01:03:55 — Comment se créer sa propre cinéphilie en 2020 ?
01:12:15 — « Chaque film est un prototype » dont il faut trouver sa propre cohérence

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BIOGRAPHIE

Renato Berta, né en Suisse italienne, a été forme au Centro sperimentale di cinematografia de Rome de 1965 à 167. Il commence sa carrière de directeur de la phtoographie à l’âge de 23 ans  en 1969 avec Vive la mort de Francis Reusser et Charles mort ou vif d’Alain Tanner — accompagnant la nouvelle vague suisse 

Parmi les immenses cinéastes qu’il a épaulé, citons Jean-Marie Straub et Danièle Huillet — sur presque tous leurs films jusqu’au dernier en 2020, La France contre les robots — ; Jean-Luc Godard — sur Sauve qui peut (la vie) en tandem avec William Lubtchansky ; Louis Malle pour Milou en mai et Au revoir les enfants — pour lequel vous avez reçu le César de la meilleure photographie en 1987 ; Alain Resnais sur quatre films dont Smoking, No Smoking et On connaît la chanson ; Manoel de Oliveira sur Voyage au début du monde et Gebo et l’ombre notamment ou encore Robert Guédiguian, Claude Chabrol, Patrice Chéreau, André Téchiné, Amos Gitaï, Benoît Jacquot, Paul Vecchiali, Eric Rohmer, Jacques Doillon, Daniel Schmidt, Alexandre Astruc ou plus récemment Philippe Garrel, dont vous avez signé les derniers films — notamment Le sel des larmes, sur lequel nous revenons longuement dans cet entretien.

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