Sortie en salles:
Le 15 décembre 2021
Durée:
36 minutes
Animateur:
Thibault Elie
Dans son premier long-métrage documentaire, la cinéaste animalière Marie Amiguet filme la rencontre entre le photographe Vincent Munier (qui co-signe le documentaire) et l’écrivain Sylvain Tesson dans les hauts plateaux du Tibet à la recherche d’un fantôme qui se camoufle avec sa fourrure tachetée. Tous deux sont de grands voyageurs, qui ont dédié leur vie à créer une œuvre à partir de ces voyages. L’un a son appareil photo et ses grandes optiques, l’autre a son petit carnet de notes et son stylo, et notre invitée, Marie Amiguet, a sa caméra et son micro.
L’ouvrage éponyme de Sylvain Tesson, prix Renaudot 2019 et succès populaire, est réédité par Gallimard dans une belle édition constellée de cent photographies inédites de Vincent Munier (voir ci-contre). Si le livre de l’écrivain-voyageur était aussi un récit d’apprentissage, celui d’un autre regard à porter sur ce qui nous entoure, le film de Marie Amiguet et Vincent Munier partage notamment cette ambition. Ni simple making-of du livre de Sylvain Tesson, ni compilation des photographies de Vincent Munier, le film s’attache à décrire une rencontre humaine et une aventure partagée à quatre, puisque l’expédition était complétée par Léo-Pol Jacquot, l’assistant du photographe.
La panthère arpente les plateaux et chasse des bêtes ; Vincent Munier cherche à la photographier ; Sylvain Tesson écrit sur cette quête esthétique partagée : dans son livre comme dans le film, l’écrivain-voyageur évoque sa fascination pour les « clefs de lecture du monde », selon son expression, c’est-à-dire la manière dont Vincent Munier observe, anticipe, détecte, se met à la place des animaux, autrement dit comment il s’intègre à cet écosystème et s’émerveille à chaque instant, et communie avec le vivant.
La Panthère des neiges est donc à la fois un film animalier faisant le parti d’un regard désanthropisé sur le monde et un film sur la création artistique à partir du réel : Marie Amiguet avait déjà filmé un photographe animalier au travail en étant l’opératrice du documentaire La Vallée des loups, tourné avec et sur le photographe Jean-Michel Bertrand.
Nous avons discuté avec Marie Amiguet des conditions de tournage extrêmes de cette expédition aux confins du monde sauvage, de l’amour comme forme d’engagement et de la difficulté d’accoucher au montage de ce film composite.
Marie Amiguet et Vincent Munier sur le tournage de La Panthère des neiges.
Édition illustrée « beau-livre », 240 pages, Gallimard.
« Il y a une bête au Tibet que je poursuis depuis six ans, dit Munier.
Elle vit sur les plateaux. Il faut de longues approches pour l’apercevoir.
J’y retourne cet hiver, viens avec moi.
— Qui est-ce ?
— La panthère des neiges, dit-il.
— Je pensais qu’elle avait disparu, dis-je.
— C’est ce qu’elle fait croire. »
Entretiens avec des réalisateurs de documentaires autour d’un film inédit, projeté en festival ou en cours de fabrication.