Avec Jean-François Laguionie, l’un de ses plus grands artistes en France, nous avons exploré un pan du cinéma qui n’utilise pas de caméra, d’objectifs ou de projecteurs : le cinéma d’animation.

Son nom est familier des auditeurs de l’émission puisqu’il est l’origine du film Le Voyage du Prince, sorti en décembre 2019 et dont nous avions reçu son co-réalisateur Xavier Picard pour un court entretien lors du Arras Film Festival. Un conte philosophique dans un monde de singes utilisant les dernières technologies d’animation entre 2D et 3D. Le cinéaste nous raconte le processus de création si particulier de l’animation, de son « animatique sauvage » jusqu’aux dernières retouches du son en passant par la recherche — difficile — de financement…

Au travers de son oeuvre, Jean-François Laguionie a toujours utilisé des techniques picturales et visuelles variées — écrivant lui-même les histoires de ses films avec votre scénariste Anik le Ray — et supervisant leur réalisation. Depuis son premier court-métrage — La demoiselle et le violoncelliste, en 1965 — le cinéaste breton trace une ligne résolument indépendante, originale dans le paysage français de l’animation. Nous sommes revenus sur ses oeuvres les plus avant-gardistes, comme La Traversée de l’Atlantique à la rame, Palme d’or du court métrage à Cannes en 1978 ; ainsi que Gwen, le livre de sable — long-métrage post-apocalyptique et minimaliste peint à la gouache.

Jean-François Laguionie défend les films d’animation comme étant du cinéma à part entière, au même titre que la fiction ou le documentaire. Et le temple de la politique des auteurs au cinéma — la Cinémathèque Française — lui a donné raison en vous consacrant une rétrospective en 2016.

Alors avec nous sommes revenus longuement avec Jean-François Laguionie sur son parcours de cinéaste, de ses premiers essais avec Paul Grimault à la révolution numérique en animation. Un univers poétique, politique et onirique ; fait de personnages, de décors, de sons, de musiques et de mouvements ; une véritable cartographie imaginaire contre vents et marées qui fait bien de lui « l’aventurier par la pensée » qu’il déclare être.

00:02:22 — Faire du cinéma d’animation comme un navigateur imaginaire
00:07:56 — Le Voyage du Prince, récit d’une création : du croquis à l’animatique sauvage
00:22:00 — Le Voyage du Prince (2) : le travail en équipe réduite, du dessin à la musique
00:35:41 — Le Voyage du Prince (3) : de la supervision de la réalisation jusqu’aux finitions
00:44:32 —  Un parcours entre cinéphilie classique et premiers films « anti-Disneyéens »
00:55:32 — Du court au long-métrage : expérimentations formelles, solitaires plus collectives
01:09:23 — La question du cadre et de la lumière en animation
01:15:40 — Bruitage, musique et son : la place du réel en animation

Né en 1939, Jean-François Laguionie suit une formation en décor de théâtre à l’école de la rue blanche. Il se lance ensuite dans le court-métrage d’animation grâce au soutien de Paul Grimault. Il est l’auteur de neuf courts-métrages : La Demoiselle et le Violoncelliste (1965), L’Arche de Noé (1967), Une bombe par hasard… (1969), Plage privée (1971), Hélène ou le malentendu (1972), Port’ et la filel des eaux (1974), L’Acteur (1975), Le Masque du Diable (1976) et La Traversée de l’Atlantique à la rame (1978). Ce dernier film a reçu la Palme d’or du court-métrage au Festival de Cannes 1978 puis le César du meilleur court-métrage d’animation en 1979.

Jean-François Laguionie a depuis cette date réalisé six longs-métrages : Gwen, le livre de sable (1984), Le Château des singes (1999), L’Île de Black Mor (2004), Le Tableau (2011), Louise en hiver (2016) et Le Voyage du prince (2019).

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